Musiques du futur #16




Alphaville, 1965
Epoque indéterminée. L'agent secret Lemmy Caution enquête dans l'étrange cité d'Alphaville. Dans la chambre de son hôtel, une jeune femme met en marche un juke box qui délivre une musique d'ascenceur, de type cocktail, ou lounge. Lorsqu'il traverse en courant une salle de restaurant, c'est le même genre de son qui envahit l'écran. Easy listening noir et blanc, instruments du futur, musiciens mutants et extraterrestres, musiques de demain..
Musiques du futur #15




Night Gallery, saison 2, épisode 20 : Tell David, 1971
2001 (environ). Une jeune femme rend visite à un homme qui vit dans le une maison hi tech. Il s'agit en fait de son fils dans le futur. Dans sa maison, un vidéophone, un prémisse de mappy, un réseau de video surveillance, des cigarettes sans nicotine... et une chaîne hi-fi portable toute illuminée qui diffuse une musique électronique et "cosmique". Une sorte de boucle instrumentale à plusieurs couches, des rythmiques asymétriques. Un beau fouilli composé par Oliver Nelson, musicien de jazz qui travaillait à l'époque pour la télévision. On sent dans les rythmiques l'influence d'un break plutôt free. Oliver Nelson aimait l'électronique, qu'il découvrit à Berlin lors d'une tournée en Europe. Cigarettes Pacific, musiques cosmiques, instruments du futur, musiciens mutants et extraterrestres, musiques de demain.
Vidéo-clip
Milky Way, 2011, 4'36

Vidéo-clip
Going Digital, 2011, 3'43


Vidéo-clip
Milky Way / tournage, 9 août 2011


Out soon



Luneville
Swan, Milky Way, Going Digital
7" + digital

Médiathèque



Sounds Of The Future, Essays On Music In Science-Fiction Film
edited by Mathew J. Bartkowiak, 2010

Musiques du futur #14



Star Trek épisode V, 1989
source : Sounds Of The Future, essays on music in science-fiction film, Mathew Bartkowiak, 2010
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Musiques du futur #13



Futurama, saison 3 épisode 4, 2001
source : Sounds Of The Future, essays on music in science-fiction film, Mathew Bartkowiak, 2010
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Musiques du futur #12






Demolition Man, 1993
2032, à San Angeles, megapole de la côte ouest reconstruite après le Big One, l'agent de police cryogénisé (Sylvester Stallone) en 1996 et décryogénisé récemment, découvre les moeurs de ce monde futuriste pacifié (en apparence). La musique que deux policiers lui font découvrir d'une part en lui faisant écouter une sorte de radio Nostalgie et d'autre part interprétée par un pianiste dans un restaurant sont issues de spots publicitaires du passé (comme la musique de Géant Vert). Des jingles entêtants chantés à tue-tête par les personnages semblent constituer la tapisserie sonore de ce futur décalé. Taco Bell, Géant vert, instruments du futur, musiciens mutants et extraterrestres, musiques de demain.
Vidéo-clip
Swan / tournage, 25 avril 2011



Musiques du futur #11



Buck Rogers In The 25th Century, saison 1, épisode n°19 : Space Rockers, 1979-1980
2491, le groupe Andromeda est en studio sous les yeux de Buck Rogers. La prise ne semble pas très bonne, occasion de jeter un oeil sur le studio du futur : pas de micros, tout semble pris en direct, et le support est une sorte de grosse disquette, qu'on change de lecteur pour réécouter. Studios de Music World, Andromeda, instruments du futur, musiciens mutants et extraterrestres, musiques de demain.
Musiques du futur #10



Buck Rogers In The 25th Century, saison 1, épisode n°19 : Space Rockers, 1979-1980
2491, le groupe Andromeda joue en direct de Music World, un ancien satellite militaire réaménagé par l'industrie musicale. Le trio masculin-féminin le plus connu de toute la galaxie a maille à partir avec un agent qui tente de provoquer des émeutes chez les moins de 25 ans, en superposant à la musique de ses poulains des ondes maléfiques (le fameux contrôle par le son étudié par Steve Goodman). Le félon révolutionnaire sera vaincu par Buck Rogers qui permet à tous les jeunes de continuer en toute sécurité leur étrange danse du lasso avec une guirlande électrique. Outre leur panoplie qui les fait ressembler à des sapins de Noël clignotant, Andromeda joue avec des instruments non identifiés : un clavier d'au moins 2 mètres de long avec des touches rondes ou rectangulaires, de couleurs différentes et lumineuses, sorte de Simon géant, une guitare sans corde quelque peu dissymétrique et une table où sont disposés des cylindres de verre de toute taille qui servent de percussions et qui sonnent comme des cowbells. L'histoire de cette musique est sympathique : la production demanda à Johnny Harris, le compositeur attitré de la série, de composer un track funky de 6 minutes pour ce faux groupe du futur. La diffusion de l'épisode ne passa par inaperçue et impressionnés, des membres de KC and The Sunshine Band proposèrent de sortir sur leur label Sunshine Sound Disco, le titre Odyssey (pt. 1) qui fut un succès en club durant l'année 1980. Space Age Disco, Andromeda, instruments du futur, musiciens mutants et extraterrestres, musiques de demain.
Médiathèque

Steve Goodman, Du son considéré comme une arme*
son, affect et écologie de la peur
(texte édité en 2010, MIT Press, une traduction Luneville) part 1 v1 26052011

Le son peut être utilisé comme une arme pour gêner, menacer, créer une atmosphère de peur ou de terreur - véhiculer des mauvais ondes, déployées sous la forme de Dispositifs Acoustiques à Longue Portée (Long Range Acoustic Devices) au Sommet du G20 à Pittsburgh en 2009, sous la forme de 'corrections psycho-acoustiques' administrées à l'homme fort du Panama, Manuel Noriega par l'Armée Américaine en 1990 au Panama , ou aux Davidiens par le FBI à Waco en 1993, sous la forme de bangs supersoniques (ou 'bombes sonores') utilisés par l'armée israélienne au-dessus de la bande de Gaza, ou sous la forme de dispositifs à hautes fréquences qui servent de répulsifs aux adolescents dans les centres commerciaux anglais. Parallèlement, les artistes et les musiciens génèrent des fréquences très intenses à la recherche de nouvelles expériences esthétiques et de nouvelles façons de faire bouger les corps en rythme. Dans Du son considéré comme une arme, Steve Goodman explore les utilisations de cette force acoustique et comment elle affecte les populations.

La plupart des discussions théoriques liant les cultures du son et de la musique avec des questions de pouvoir oublient, selon Goodman, une dimension : les politiques de la fréquence. Goodman comble ce manque en dessinant un schéma théorique des violences sonores, enquêtant sur les conséquences du déploiement des systèmes de sonorisation sur les variations de l'affect. A travers la philosophie, la science, la fiction, les arts et la culture pop, il dresse la carte d'un continuum de la violence des ondes, en y englobant les recherches policières et militaires sur le contrôle des foules par des moyens acoustiques, l'utilisation du son comme image de marque par les entreprises, et les rencontres passionnées entre la musique pop et l'art sonore.

Goodman conclue sur des hypothèses concernant un nouveau concept unsound, relatif aux marges de la perception auditive et au lien non encore défini entre rythmes et fréquences dans les bandes sonores. (à suivre)


(* la traduction du titre est reprise sur l'annonce d'une soirée au Palais de Tokyo autour du travail de Steve Goodman, je n'ai pas trouvé mieux, entre L'air de la guerre, trop vague, Guerre Sonique, Guerres du Son, Guerre sonore, Guerre acoustique...)
Médiathèque

Simon Reynolds, Sonic Fiction
… ou, si c’est ça le futur, comment se fait-il que la musique soit si naze ?
(texte paru dans Loops 01, 2009, une traduction Luneville) part. 2 v2 26052011

Cette mauvaise expérience – une musique super étrange qui se révèle en fait pas si extra-terrestre que ça finalement - a cependant fait germé en moi une curiosité croissante pour la musique liée à la science-fiction, une musique qui viendrait du futur. Deux zones voisines mais bien distinctes sont à explorer : d'un côté les compositeurs de musique de film et leurs efforts - voués à l'échec - d'approcher 'la musique de demain aujourd'hui', et de l'autre les romans et nouvelles de science-fiction qui tournent autour de la musique de près ou de loin. En tant que fan de base de science-fiction qui, à 16 ans, a brusquement plaqué le genre pour s'immerger dans la presse musicale et le punk, je me sentais idéalement placé pour observer le lien entre mes deux passions d'adolescent, la musique et la SF. En y regardant de plus près, cependant, des centaines et centaines de romans et de recueils de nouvelles que j'ai lus dans mes jeunes années - empruntés à la Bibliothèque de Berkhamsted ou achetés grâce à l'argent de petits boulots - je pouvais à peine me souvenir d'un truc en lien avec la musique... Même le genre auquel je me suis intéressé quand la SF fit un léger retour dans ma vie dans les années 90, le cyberpunk, avait sans doute des côtés rock'n'roll et branchés par ses références à la pop culture, mais ce sous-genre contenait peu d'exemples originaux où la musique était projetée dans le futur que se soit dans sa dimension sonique ou sa fonction sociale.

Il s'avère quand même qu'il y a bien une partie immergée et importante de la science-fiction qui traite de la musique. C'est ce que j'explorerai dans une seconde partie. Je vais dans un premier temps me concentrer sur les films de SF et leur bandes originales. Il y aurait bien un dernier thème à traiter concernant la musique et la SF, c'est l'influence massive de cette dernière sur toutes les formes de musiques pop et en particuliers sur le metal, le post-punk, l'indus et la techno. Mais c'est un vaste sujet que je vais laisser de côté pour le moment avec un soupir de soulagement.

Au cinéma, donc. Attendre des compositeurs contemporains qu'ils s'aventurent au-delà de l'horizon présent des possibilités sonores pour en ramener une musique qui proviendrait en effet du futur est un espoir de taille. C'est vrai, certains ont essayé, et ils sont les héros de cet essai. Mais la plupart des films de SF ont été illustrés musicalement comme des films d'action et de suspense, ce qu'ils sont souvent, derrière leurs apparences hi-tech et leurs paysages inter-galactiques. John Williams en est l'archétype, son oeuvre collant à l'éventail sonore d'un orchestre symphonique (tout en majesté tempétueuse et prouesses habiles) et au vocabulaire des derniers compositeurs romantiques de la seconde moitié du XIXe siècle et des premières décennies du XXe (Malher, Strauss, Holst, Elgar, Dvorak, ...). Il fait revivre notamment la formule des opéras wagnériens, le leitmotiv, un thème musical récurrent associé à un personnage, une humeur, une 'force morale'. Ce néo romantisme fait ici merveille. En effet, même les experts ne voient pas en La Guerre des Etoiles une oeuvre de SF mais plutôt un 'space opera', une heroic fantasy épique, plus proche de du Seigneur des anneaux de JRR Tolkien que de Siva de Philip K Dick. Malgré l'Etoile de la mort, et les chasseurs X, le film renvoie à une époque médiévale : des princesses, des pirates, des valets, des serviteurs loyaux (les droïds). Le coeur de l'intrigue est de plus la lutte manichéenne entre la Force et le Côté Obscur, les chevaliers Jedi aux coeurs purs et les séides de l'Empire. Il y a même des combats proches des films de capes et d'épées avec des sabres lasers. Finalement le côté rétro de la scène musicale de la Cantine est raccord avec l'aspect passéiste de la globalité du film, souligné dès le prologue 'Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine" et par les influences des pulps SF Buck Rogers et Flash Gordon (à ses débuts, George Lucas avait tenté d'acheter les droits d'adaptation de Flash Gordon, sans succès car trop chers pour lui). (à suivre)
Musiques du futur #9



Enemy Mine, 1985
2092, deux pilotes de chasse interstellaires et ennemis, un être humain et un drac s'écrasent sur une planète hostile qui va les réunir d'abord dans un élan de survie, puis dans l'apprentissage réciproque de leur culture. L'extra-terrestre, reptile humanoïde et hermaphrodite, religieux, enseigne à son homologue terrien les textes sacrés de sa planète. Il entonne le début d'un chant religieux dans sa langue gutturale, avec une vibration de l'arrière gorge, inspirée des chants des grenouilles. Chants drac, instruments du futur, musiciens mutants et extraterrestres, musiques de demain.
Instrumentarium




Yamaha cs01
Music Power, 250 euros, 21-12-2010

[1982] Petit synthétiseur analogique pour débutants remarqué plus tard pour ses basses bien fat. Il possède sur ses côtés deux rivets permettant de le sangler et d’en jouer debout. Et pour nous, ça veut dire beaucoup.

Le magazine japonais qui accompagne le SX150 de Gakken propose une étonnante frise chronologique illustrée, présentant des instruments marquants, qui par leur son, qui par leur technologie novatrice, sont à l’origine de grands mouvements dans les musiques électroniques. Cet historique présente le cs01 comme fétiche du genre dancehall anglais durant les années 90. Il a permis d’approfondir les basses de Swan et de Going Digital.
Médiathèque



Sonic Warfare : sound, affect, and the ecology of fear, Steve Goodman, 2010