Médiathèque

Steve Goodman, Du son considéré comme une arme*
son, affect et écologie de la peur
(texte édité en 2010, MIT Press, une traduction Luneville) part 1 v1 26052011

Le son peut être utilisé comme une arme pour gêner, menacer, créer une atmosphère de peur ou de terreur - véhiculer des mauvais ondes, déployées sous la forme de Dispositifs Acoustiques à Longue Portée (Long Range Acoustic Devices) au Sommet du G20 à Pittsburgh en 2009, sous la forme de 'corrections psycho-acoustiques' administrées à l'homme fort du Panama, Manuel Noriega par l'Armée Américaine en 1990 au Panama , ou aux Davidiens par le FBI à Waco en 1993, sous la forme de bangs supersoniques (ou 'bombes sonores') utilisés par l'armée israélienne au-dessus de la bande de Gaza, ou sous la forme de dispositifs à hautes fréquences qui servent de répulsifs aux adolescents dans les centres commerciaux anglais. Parallèlement, les artistes et les musiciens génèrent des fréquences très intenses à la recherche de nouvelles expériences esthétiques et de nouvelles façons de faire bouger les corps en rythme. Dans Du son considéré comme une arme, Steve Goodman explore les utilisations de cette force acoustique et comment elle affecte les populations.

La plupart des discussions théoriques liant les cultures du son et de la musique avec des questions de pouvoir oublient, selon Goodman, une dimension : les politiques de la fréquence. Goodman comble ce manque en dessinant un schéma théorique des violences sonores, enquêtant sur les conséquences du déploiement des systèmes de sonorisation sur les variations de l'affect. A travers la philosophie, la science, la fiction, les arts et la culture pop, il dresse la carte d'un continuum de la violence des ondes, en y englobant les recherches policières et militaires sur le contrôle des foules par des moyens acoustiques, l'utilisation du son comme image de marque par les entreprises, et les rencontres passionnées entre la musique pop et l'art sonore.

Goodman conclue sur des hypothèses concernant un nouveau concept unsound, relatif aux marges de la perception auditive et au lien non encore défini entre rythmes et fréquences dans les bandes sonores. (à suivre)


(* la traduction du titre est reprise sur l'annonce d'une soirée au Palais de Tokyo autour du travail de Steve Goodman, je n'ai pas trouvé mieux, entre L'air de la guerre, trop vague, Guerre Sonique, Guerres du Son, Guerre sonore, Guerre acoustique...)